Quand les politiciens font payer leurs erreurs à la population
La mairie d’Aubergenville comme des milliers d’autres s’est
fait rouler dans la farine par la banque Dexia et a contracté des emprunts dits
« toxiques » entre 2003 et 2007 pour une valeur totale d’environ 10
millions d’euros.
L’ancêtre de Dexia était une banque d’Etat spécialisée dans
le financement des collectivités locales dont les pratiques étaient
relativement encadrées. Mais pour satisfaire les appétits des capitalistes, les
gouvernements de droite et de gauche qui se sont succédé au pouvoir dans les années
1980 et 1990 l’ont privatisée.
Les emprunts à taux variables, tels que ceux contractés par
Aubergenville, et qui étaient placés avec des méthodes dignes d’escrocs,
rapportaient gros aux actionnaires de Dexia. Ainsi la banque a fait plus de 14
milliards d’euros de bénéfice entre 2000 et 2009.
Mais à partir de 2008 avec la crise financière, le taux
d’intérêt de ces emprunts dont ceux d’Aubergenville s’est envolé et le coût des
dettes est devenu exorbitant. Dexia étant en faillite, l’Etat dirigé à l’époque par Sarkozy
n’a pas exigé des actionnaires qu’ils remboursent mais les a, au contraire,
sauvés en reprenant les actifs toxiques de la Banque. Ainsi après avoir
privatisé les profits, l’Etat socialisait les pertes.
Aujourd’hui, l’Etat dirigé par le Parti socialiste exige des
collectivités qu’elles payent les dettes. S’il a mis en place un maigre fonds
de soutien pour leur permettre de sortir un peu la tête de l’eau, celui-ci
s’ouvre seulement à celles qui renoncent à tout recours judiciaire contre les
banques prédatrices.
Si la mairie a décidé de convoquer un conseil municipal en
urgence le mercredi 27 janvier 2016 s’est pour se plier à ce chantage qui vise
à faire payer les classes populaires et non les spéculateurs.
J’ai bien sûr voté contre. Ci-dessous ma déclaration :
« On se trouve dans une situation typique du
fonctionnement des collectivités locales dans une société où la finance règne
en maître.
Dans un premier temps, un premier gouvernement – les
amis de Madame la maire – donne la possibilité à une banque privée, nommément
Dexia, de prêter aux collectivités locales avec un système de taux variable qui
a conduit à mettre un certain nombre d’entre elles en faillite – et qui risque
de les mettre toutes en faillite.
Dans un deuxième temps, on se rend compte, à la suite
de la crise financière et l’aventure Dexia que chacun connaît, qu’il s’agit
d’opérations financières dignes d’un usurier du Moyen-Age, et là, l’Etat
intervient, non pas pour sauver la mise des communes, mais pour sauver celle
des banques !
L’argument « il faut bien faire quelque chose,
sinon c’est la population qui fera les frais de la situation » est
pernicieux, car si c’est l’Etat qui comble la différence, au taux fixé par le
gouvernement actuel, c’est autant pris sur le budget qui devrait normalement
servir aux besoins de la même population."
Pour
plus de détails, je vous invite à lire l’article paru dans le
mensuel Lutte de classe de novembre 2013 Emprunts toxiques : comment les banques ont sciemment ruiné les collectivités.
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